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Le "coach"

Aujourd’hui c’est le responsable technique de l’USSL, Christophe Matl, qui nous fait l’honneur de répondre aux questions.

Ludovic Rapaud : Pour commencer, je vais te demander de te présenter (nom, prénom, âge, profession).
CM : MATL Christophe né le 12/09/1967 à Limoges.
Fonction : Gérant d’une société de mécanique générale avec 8 salariés.

LR : As-tu un club, un joueur et un entraineur préférés?
CM : Club Préféré : OM
Joueur préféré : PLATINI et MESSI(ACTUEL)
Entraineur préféré : Deschamps

LR : Je te propose que l'on parle de Christophe joueur puis de Christophe entraineur.
LR : A quel âge as-tu signé ta première licence et dans quel club?
CM : J’ai signé ma première licence au Limoges football club à 10 ans en poussins 2 eme année 

LR : Explique-nous ton parcours avant d’arriver en 2éme Division au LFC.
CM : J’ai fait toute ma préformation et formation au LFC.
1 an de poussin, 2 ans de pupilles avec un titre de champion de la haute vienne, 2 saisons de minimes en ligue avec titre de champion du centre ouest, 2 années de cadets nationaux( contre Bordeaux, Toulouse, Niort etc. …) et 3 ans de juniors pendant lesquels j’ai joué en seniors en PL, PH , CF4 et même un match amical avec l’équipe de deuxième division contre Libourne. Et bien sur des matches en coupe Gambardella  et quelques matches en juniors ligue mais peu.

LR : Je sais que tu été gardien de but, as-tu toujours évolué a ce poste?
CM : Dés ma première licence, j’ai joué dans les buts. C’était une passion, c’est l’époque de l’épopée des verts et de leur fameux gardien Yvan Curkovic. A cette époque là je faisais également de la gymnastique sportive, avec une  certaine souplesse et cela m’aidait beaucoup dans l’approche du poste de gardien. De plus j’aimais bien avoir ce recul sur le jeu de mon équipe et participer pleinement au résultat de mon équipe. Lorsque l’on est jeune on veut être le buteur ou le gardien. C’est l’âge ou l’on est centré sur soi et l’on veut  être mis en avant.
Par contre lorsque j’ai joué à Lubersac, mon coach de l’époque Guy REYNAUD, me faisait jouer avant centre les matches de coupe avec quelques buts marqués. J’avais comme coéquipier le père d’Adrien TINTIGNAC, nouveau licencié de l’USSL.

LR : Pour les plus anciens peux-tu nous remémorer le nom de tes coéquipiers de l'époque? Et joueurs contre qui tu as joué?
CM : Les joueurs contre qui j’ai joué et qui ont joué en Ligue1 : Alain Roche(Bordeaux, PSG), Gnako (Bordeaux, Monaco), Franck DUMAS (Entraineur de Caen)
Mes Partenaires : Jean Noel DUSE, N’DIORO, SMERECKI(entraineur de l’équipe de France U19)
RABAT Thierry, MARLOT, GOUTOULE, FERMIGIER, BOIS, WOJCIK, PAULINE etc …

LR : Quels sont tes meilleurs et tes pires souvenirs à cette époque?
CM : Mes 2 années en Cadets nationaux, ou l’on jouait contre des équipes comme Bordeaux, Toulouse Niort  contre des joueurs parfois internationaux et des recruteurs sur le bord du terrain comme Marius TRESOR, Jean PETIT
Un autre bon souvenir c’est d’avoir joué des l’âge de 16 ans en CF4 grâce à Bernard Fermigier
Bien entendu la cerise sur le gâteau,  un match avec l’équipe de 2éme Division contre Libourne en amical, victoire 3 à 0.

Christophe est premier en partant de la droite au deuxième rand (en vert)

LR : Quand tu vois le niveau du football actuel et que tu le compares avec ce que tu as connu: Y-a-t'il beaucoup de différence?
CM : Aujourd’hui les joueurs sont mieux préparés physiquement, tactiquement et mentalement.
Les joueurs sont capables d’enchainer plusieurs efforts successifs, notamment les défenseurs latéraux.
La zone est aujourd’hui privilégiée par rapport au marquage individuel.
Par contre il me semble qu’il y a moins de place pour la technique, le dribble, l’inspiration. Tout est programmé, planifié. Les joueurs d’instinct sont moins nombreux.
Mais c’est du à la formation des éducateurs, aux choix des centres de formation.
Peu être que la tendance va être inversé avec les victoires répétées du Barça.

LR : Et maintenant ton après LFC: club, palmarès.
CM : Après le LFC, je suis parti à Lubersac parce que je sentais que le LFC ne me ferait pas confiance pas plus qu’il ne le faisait avec les jeunes qu’il formait. Et puis le club descendait de deuxième division, je voulais vivre autre chose.
Donc je suis parti un an à Lubersac ou nous avons fini 1er en PL et donc la montée en PH.
L’année suivante le niveau supérieur me manquait, je suis parti à ISLE en CF4, j’y suis resté 3 ans avec une descente en DH. C’est Jean louis Cuq qui m’a fait confiance en CF4 avec des matches contre Bordeaux notamment et ses futures stars (Lizarazu).
Puis 3 ans aux PTT Limoges en DH, nous étions dans la même poule que le LF87 avec qui nous jouions les premiers rôles.
Et puis je suis parti à Saint Junien  en PL, là j’ai joué que quelques matches et je me suis blessé au genou.

LR : Pourquoi avoir arrêté de jouer?
CM : Justement  la blessure était sérieuse, rupture des ligaments croisés, j’avais 27 ans et je n’ai pas voulu me faire opérer pour des raisons professionnelles. Avec le recul c’est une erreur, je me serais arrêter 8 mois et j’aurais pu rejouer, j’ai fait un autre choix.

LR : Parlons du Christophe entraineur, comment t'es venu l'envie d'entrainer?
CM : Je crois que j’avais cela en moi.  C’est vrai qu’en jouant gardien j’avais une vision globale de mon équipe, et  je me demandais à chaque fois que mes différents coach parlaient ce que j’aurais fait ou dit à leur place. Dès que j’ai pu, je me suis positionné pour m’occuper des jeunes.

LR : A quel âge à tu eu ton diplôme de Brevet d'Etat et qu'est ce que c'est?
CM : Donc très jeune j’ai passé mes diplômes et j’ai eu mon BEES 1  à 26 ans.
Le BEES 1 : c’est le brevet d’état d’éducateur sportif  1 degré  option football qui se décompose en 2 parties :
-un tronc commun ou l’on apprend la physiologie, la pédagogie, la biomécanique, le juridique, tout cela en cours du soir 2 fois par semaine pendant 10 mois.
-une partie spécifique dédiée uniquement au Football  2 semaines à la LIGUE.
Bien sur tout ce temps, je le prenais sur mes congés, mes temps libres.

LR : Cite nous les clubs ou tu as été entraineur?
CM : J’ai été responsable de l’école de foot aux PTT Limoges, responsable de l’école de foot à Saint Junien,  entraineur des juniors à saint Junien puis de l’équipe 1ère.je suis resté 5 ans puis j’ai entrainé l’équipe 1 du Palais en DHR pendant 1 an et un peu plus( j’ai arrêté en cours d’année). J’ai été sur le banc quelques matches avec l’équipe de Conzèze en Corrèze. Puis en janvier 2001, j’ai pris l’équipe réserve du LF87 qui était dernière en DH, nous avons terminé  4éme. A la fin de la saison le président Divry m’a proposé l’équipe 1 qui évoluait en CFA avec comme joueurs Micka MALIGNE et Nicolas DUJARDIN entre autres.  Après un break de 7 ans je suis arrivé à Saint Léonard.

LR : Quels sont tes meilleurs et tes pires souvenirs d'entraineur?
Les meilleurs souvenirs :
CM : - cette année de CFA par rapport aux joueurs que j’ai rencontré quelques noms :
Chamack, Planus, Briand, Cetto, Valverde etc …
Les entraineurs : Amisse, Furlan , Hantz, Moulin…
Les montées avec Saint Junien et Saint Léonard
La fabuleuse remontée avec l’équipe 2 du LF ou l’équipe est dernière à la trêve et fait un parcours extraordinaire en deuxième phase en terminant 2ème des matches retour.

Les pires souvenirs :
Cette saison en CFA ou le club a les moyens et se sauve sportivement, mais une gestion et une politique sportive ne correspondait pas à mes valeurs et à ma philosophie. J’ai pris la décision d’arrêter  à 2 mois de la fin du championnat.

LR : Quels sont pour toi les qualités que doit avoir un entraineur et as-tu un modèle?
CM : L’entraineur doit être un leader, un fédérateur, un décideur.
Il se doit d’être exemplaire.
Il doit être passionné.
Il doit s’adapter en permanence.
Etre le plus objectif possible.
Je n’ai pas de modèle, mais mon parcours professionnel, mon environnement, mes convictions, ma vie avec ses hauts et ses bas font ce que je suis aujourd’hui. Différent d’hier et de demain

LR : Quel regard portes-tu sur le football amateur actuel quand on voit qu'il y a de plus en plus de match arrêté pour violence?
CM : Je crois que malheureusement  le football n’est que le reflet de la société, qui est de plus en plus violente. Ou le mot respect ne veut plus dire grand-chose, parce que chacun est de plus en plus centré sur soi et de moins en moins sur l’autre.
Le football est le sport le plus populaire, le plus médiatisé et l’exemple ne vient pas du haut niveau.
Le terrain de sport et de football en particulier, est devenu  un lieu ou l’on peut se défouler. La dérive est de plus en plus importante, et les politiques misent en œuvre ne sont pas à la hauteur du fléau. Jusqu’au jour ou des incidents dramatiques auront lieu, mais ne sera-t-il pas trop tard ?

LR : As-tu des solutions?
CM : Je pense en avoir, mais je ne suis pas sur qu’elles soient très appréciées et très populaires. Mais encore une fois, nous sommes sur un sujet sensible et politique et je doute que les dirigeants de la société civile et sportive prennent des décisions qui seraient néfastes à leur élection future. En tout cas chaque club peut avoir le choix de prendre ou de ne pas faire signer des joueurs causeurs de trouble. Les clubs ne doivent pas être pris en otage par leurs licenciés.

LR : Tu es le responsable technique du club et te connaissant maintenant depuis plus de deux ans, je sais que pour toi le foot c'est 100% voir 150% alors comment se passe une semaine chez  "les Matl"?
CM : En effet mardi soir et jeudi soir ce sont les entrainements. Le week-end c’est le match de l’équipe 1 et puis il y les autres rencontres de jeunes ou d’autres équipes séniors du club ou d’autres poules.
Sans compter le téléphone avec  de nombreuses heures de communication et de SMS.
Mais il est évident que pour avoir une implication totale, il faut avoir l’aval de la famille.
Le football a une place importante chez nous, mais nous savons cloisonner et faire la part des choses.

LR : Tu es arrivé au club en 2009 alors que l'équipe fanion venait de descendre en PL. Deux ans plus tard nous revoilas en PH, est-ce l'effet Christophe Matl?
CM : Je pense que ce n’est pas à moi de répondre à cette question.

LR : A ton avis jusqu'ou peut aller l'USSL et que lui manque t'il pour y arriver?
CM : Je crois qu’aujourd’hui le club est à la croisée des chemins. IL peut aller encore plus haut, mais il faut que ce soit les dirigeants qui décident de quel club pour demain et de ce que l’on se donne comme moyens pour y arriver. Est-ce de l’apport de joueurs extérieurs ? Est-ce la formation ? Est-ce les 2 ?
Bien sur, j’ai mon avis je privilégie la dernière solution, mais il faut peut être remettre en cause ce qui est fait aujourd’hui. Pour mener à bien un projet, il faut un chef de projet. Il faut que celui-ci puisse constituer son équipe et que toutes les personnes inscrites dans le projet adhèrent.
Donc tu vois, la route pour aller plus loin est encore longue, le tracé n’est pas défini. Mais c’est la question à se poser.
Mais sans décision, tu peux redescendre très vite aussi, donc aujourd’hui nous devons agir et décider. Et chacun choisira si cela lui convient ou pas.

LR : Et pour finir ton interview le rituel du club, donne-nous un dicton.
CM : C’est en comptant nos victoires qu’on nous enseignera à en remporter d’autres.